Les enfants, leurs peurs, et ce qui peut être fait
“Il est normal et valide que les enfants craignent des choses, qu’elles nous semblent rationnelles ou non […].”
La peur
Les enfants que je reçois au cabinet ont généralement entre 5 et 12 ans, et souvent, le problème se résume à une peur. Phobie, peur de dormir seul, craintes liées à la naissance d’un petit frère ou d’une petite soeur, angoisses liées à l’arrêt de la tétine, à un nouveau maître ou une nouvelle maîtresse… La peur est une émotion complexe, et elle peut se nicher dans tous les aspects de la vie d’un enfant.
Cette émotion est saine : elle est liée à l’instinct de survie, à la volonté de se maintenir en sécurité et en bonne santé. Il est normal et valide que les enfants craignent des choses, qu’elles nous semblent rationnelles ou non ; nous-mêmes, adultes, ne sommes pas non plus toujours très logiques dans nos émotions.
Le problème va apparaître lorsque cette peur empêche l’enfant et/ou sa famille de vivre d’une manière confortable et satisfaisante. C’est là que j’interviens.
Qu’est-ce qu’on fait ?
En général, je reçois l’enfant avec l’un de ses parents et je lui propose de m’expliquer la situation avec ses mots. J’ai à ce stade déjà conversé avec l’un des parents sinon les deux, et ai une bonne compréhension de ce qui se passe dans la vie de mon jeune client, mais son point de vue m’est précieux. Si un enfant n’a pas tout de suite envie de me parler, je respecte son besoin de temps d’adaptation, et demande plutôt au parent de me raconter, avec l’enfant qui valide ou infirme les propos.
Selon la situation, je choisis ensuite la technique qui me semble appropriée. Dans presque tous les cas, je prends le temps d’expliquer à l’enfant le mécanisme mental qui est à l’œuvre, à la fois pour lui donner du contrôle sur la situation - il comprend désormais mieux ce qui se passe dans son cerveau - et aussi pour désamorcer la culpabilité - ce n’est pas lui qui choisit d’avoir peur, c’est un phénomène qui existe dans son corps au même titre que la pousse de ses ongles.
J’explique toujours ce que je vais faire avant de le faire, et si certaines méthodes tiennent parfois de la prestidigitation (c’est à dire qu’elles ne marchent pas pour les raisons que je suggère, ou qu’elles servent de distraction à un élément plus discret du procédé qui est celui qui produit réellement l’impact), je m’assure toujours que l’enfant comprend ce qui se passe et l’a validé en amont.
Très souvent, en particulier sur les plus jeunes, la technique se termine sur la suggestion qu’une crème glacée serait thérapeutique et permettrait de “sceller” ce qui a été mis en œuvre pour que les effets prennent durablement.
A quoi ça ressemble, un enfant sous hypnose ?
A un enfant qui joue ! Certains enfants gardent les yeux fermés pendant une technique d’hypnose, mais ce n’est pas automatique. L’hypnose est un état de conscience où une personne est très concentrée sur une série d’images ou d’idées ; les adultes ont tendance à fermer les yeux et à laisser leur corps devenir très calme pour ce faire, mais les enfants ont une capacité de visualisation assez incroyable et peuvent s’imaginer immergés dans une scène alors même qu’ils ont les yeux ouverts et remuent.
Je m’adapte à mon client, et c’est lui qui l’expert de sa propre expérience. Si à l’instant T, il a besoin d’être debout, ou au contraire de s’allonger comme pour une sieste, ou n’importe quoi d’autre, c’est lui qui a raison.
Pour les techniques d’EMDR, je trouve préférable d’appliquer moi-même la stimulation bilatérale plutôt que de demander à un enfant d’effectuer une tâche répétitive. Je vais donc en général lui tapoter les genoux, toujours avec son accord préalable.
Combien de séances pour régler un problème ?
C’est bien sûr variable, mais dans mon expérience, la première session change déjà pas mal la donne. Il faut parfois se revoir une ou deux fois, mais les enfants sont très réactifs, et je n’ai encore jamais eu de jeune client qui ait besoin de plus de trois séances.